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Dans ma tête
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30 septembre 2010

Amis potentiels: update

J'avais écrit en juillet un texte résumant où j'en étais avec mes quatre amis potentiels.

Depuis, deux ont grandi, ou du moins conservé leur saveur, et deux ont stagné: cela est dû au fait que nous ne nous voyons absolument plus à l'école. L'avenir seul nous dira ce qui adviendra de ces deux dernières. En attendant, voici ce qui se passe avec les deux trentenaires de ces quatre amis potentiels.

Parlons d'abord de MCO, mon ancienne prof de philo. Je suis repassée par son bureau mardi avant-midi. En me voyant, elle m'a immédiatement reconnue et saluée un peu comme si elle attendait ma venue, comme si on avait pris rendez-vous et que l'heure dite était arrivée. Avec naturel, sans grand transports de joie. Faut dire qu'elle était avec un étudiant qui venait chercher son travail. Il a quitté quelques minutes après, et alors MCO m'a accueillie dans son bureau et m'a invitée à m'installer sur le futon qu'elle et sa collègue y ont installé (je dois dire que ça fait un peu bizarre de s'asseoir sur ce qui ressemble à une causeuse lorsqu'on va voir un prof!). «Comment ça va?» m'a-t-elle demandé d'entrée de jeu. J'ai répondu: «ça va, t...oi?» Ça m'était un peu inconfortable de me mettre à la tutoyer, alors que j'ai l'habitude de vouvoyer tous mes profs sans exception. Mais en même temps, MCO n'était plus ma prof, et elle semblait elle-même ne plus s'adresser à moi comme à une étudiante, alors à quoi bon? Bref, cette hésitation sur le tu a été ma première et ma dernière: au fur et à mesure qu'on jasait, mon impression de ne plus être une étudiante à ses yeux gagnait en force, si bien que même si ça n'était pas parfaitement naturel, ça convenait décidément beaucoup mieux que le vous. En fait, je crois qu'une fois qu'on a réussi à perdre l'habitude de vouvoyer un prof, ça s'avère plus facile pour les suivants. Je dis ça parce que je n'ai jamais hésité à tutoyer A., un de mes anciens profs au secondaire que j'ai revu parce qu'il est lui aussi resté ami avec N. une fois que celui-ci a eu quitté le Collège.
Étrangement, on a très peu parlé de nos vacances. Moi des miennes seulement pour parler de ma job, et les siennes n'ont pas été sujet de notre conversation. On a surtout parlé de mon choix de programme à l'université, qui approche à grands pas, et du voyage en Europe que je prévois faire au printemps. C'est drôle, on en parlait un peu comme des amies l'auraient fait, je trouve. J'étais un peu gênée, certes, mais je n'avais guère l'impression d'en parler avec une prof. C'était un échange intéressant pour nous deux, je crois: parler de mes inquiétudes aidait à les dédramatiser, tandis qu'elle devait prendre plaisir à se reconnaître en moi et à me faire part de son opinion quant à mes tergiversations. D'ailleurs, c'est ça qui est intéressant avec MCO: jusqu'à maintenant, on peut dire que j'ai eu un parcours semblable au sien, car elle aussi a étudié au Cégep en sciences, elle aussi n'aimait pas ça, elle aussi a voyagé en Europe et elle aussi s'est tournée vers les lettres au moment d'entrer à l'université. Même chose lorsque je lui ai dit que j'avais Allemand I pour cours complémentaire (un rêve qui se réalise!). Elle s'est alors exclamée «Ah! Tu as [Nom du prof d'allemand qui enseigne depuis très longtemps au Cégep]!» car elle aussi l'avait eu à mon âge. L'entendre me raconter une anecdote à propos de ce cours m'a rappelé l'époque où mon cousin, qui avait fréquenté la même école secondaire que moi, faisait la même chose. Quant à elle, je devine qu'en plus d'avoir un je-ne-sais-quoi de «significatif» à ses yeux, je lui rappelle ce qu'elle était il y a une dizaine d'années. C'est, je crois, un bon début de relation.
On a jasé comme ça une bonne demi-heure avant qu'une de ses étudiantes ne nous interrompe. Alors je suis partie, non sans qu'elle me remercie d'être passée et m'invite à revenir éventuellement, contente d'avoir parlé avec cette ex-prof que j'aime bien.

Le lendemain, en revenant à la maison, j'ai trouvé un message d'elle sur le portail du Cégep: elle me remerciait de ma visite qui lui avait fait très plaisir, me suggérait quelques livres à propos des gender studies, un sujet qui m'intéresse et dont je lui avais parlé, et me disait espérer qu'on se revoit bientôt. Bref, une gentillesse inattendue.

Un problème se pose, cependant: si ça continue comme ça, c'est clair que j'aurai probablement envie de l'inviter lorsque j'organiserai des partys chez moi, par exemple à l'occasion de mon anniversaire. Or, parmi mes amis qui ont été au cégep, trois l'ont également eue comme enseignante, dont MAU, qui est actuellement son étudiante et ce, jusqu'en décembre. Dans ce cas, évidemment, si MCO ne considérait pas éthique qu'elles se côtoient à l'extérieur des cours, je ne l'inviterais, évidemment, et je suis persuadée qu'elle comprendrait. Mais bon, jusqu'à maintenant, je n'ai pas l'intention d'organiser quelque chose d'ici la fin de la session, donc je crois qu'il n'aura pas lieu de s'interroger quant à une telle situation. Par contre, j'appréhende quand même les éventuels moments où je réunirai tous mes amis, dont la liste d'invités inclurait, outre MCO, D., du club de Sport, et N. En effet, ni F., qui a également été un étudiant de MCO, ni MAU ne semblent apprécier MAU autant que moi. Je respecte ça, évidemment, mais j'ai peur que ça crée un malaise. Ma gang s'est habituée à ce que j'invite N., qui a enseigné à plusieurs d'entre eux, mais au début, c'était un peu awkward, car non seulement il est plus vieux qu'eux tous, mais en plus, il ne faisait vraiment pas l'unanimité au sein de ses élèves. Moi, bien sûr, j'avais su voir l'homme avant tout, et j'ai fini par leur prouver que derrière les cours qu'ils étaient en droit de ne pas apprécier, il y avait un être humain avec des émotions et un grand cœur. Dans le cas de MCO, les critiques à son égard sont moins vives, mais j'ai quand même peur qu'on se dise «bon, elle s'est encore liée d'amitié avec un ex-prof». Je sais que c'est stupide, que je n'ai pas à m'en faire, que mes amis sauront accepter que je me fais des amis quelque peu différents d'eux, mais… J'éprouve comme un malaise à leur expliquer que je sais voir avec mon cœur, faire abstraction de la différence d'âge et du rôle de prof pour ne regarder que la personne, l'être humain en elle avec qui il se trouve que j'ai plusieurs points communs. J'ai comme peur de leur réaction, de leur incompréhension.
Ainsi, même si j'ai envie de «m'afficher» avec MCO, je me heurte pour le moment à l'impossibilité, d'avouer à MAU que je jase et échange des courriels avec sa prof de philo à son insu. Pourtant, j'ai des remords, car pas plus tard que ce midi, je lui ai allègrement menti par omission en évitant délibérément de lui dire que j'en savais pas mal plus long qu'elle sur la raison de l'annulation du cours de MCO de ce matin.

Bref, tout ça m'inquiète un peu, mais ça n'est rien en comparaison avec la satisfaction que m'ont apporté ma visite au bureau MCO et son message. J'espère la revoir bientôt, car décidément, je l'aime bien.

[La suite, qui concerne D., au prochain billet.]

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